Imaginez demain que votre smartphone devienne votre assistant personnel de santé. C’est bien utile quand on devient vieux ! Grâce à une application et à une puce implantée sous la peau, votre médecin sait tout ce qui se passe dans votre corps. La médecine « 5 P » (personnalisée, préventive, prédictive, participative et s’appuyant sur des preuves) est-elle celle du futur ?
Médecine Personnalisée
Les USA lancent, en 2000, l’idée du « bon médicament, à la bonne personne au bon moment » qui passerait par l’identification du profil génétique ou protéique du patient. C’est la médecine personnalisée. En 2008, le rapport “Priorities for Personalized Medicine” du PCAST (President’s Council of Advisors on Science and Technology) la résumait par l’adaptation d’un traitement médical selon les caractéristiques individuelles du patient. Elle classerait les individus en sous-populations selon la prédisposition à certaines maladies ou par la réponse à un traitement. Il s’agit par ce biais de minimiser les effets secondaires des médicaments « non ciblés ».
Médecine Préventive
A cela, selon l’Institute for Systems biology, s’ajoute d’importants piliers pour renforcer l’idée générale d’une nouvelle place de l’usager. La médecine préventive se concentre sur le mieux – être et sur les problèmes de santé et non sur la maladie. Elle repose sur des données souvent générées par les patients eux-mêmes. La médecine de demain pourra mieux prédire – selon une prédisposition génétique, un comportement sociétal ou une hygiène de vie … – les risques de développer certaines maladies. Nous pourrons bénéficier de programmes de prévention plus ciblés, individualisés voire personnalisés.
Médecine Prédictive
Elle s’attache à repérer les traitements les plus appropriés pour le patient en tentant d’éviter les effets dits secondaires. Elle pourrait aller beaucoup plus loin dans une médecine futuriste mais éthiquement n’a pas sa place en l’absence de prévention ou de traitements efficaces accessibles.
Par exemple, la recherche d’une maladie génétique portée depuis l’enfance mais à expression tardive (comme la polykystose rénale vers 50-60 ans, certains cancers ou maladies métaboliques héréditaires) n’a aucun atout à être décelé en amont : outre des conséquences psychologiques, des contraintes sociétales inacceptables car discriminantes (prêts bancaires, assurances-vie, emplois …) s’ajouteront.
Pourtant, le cas particulier d’Angelina Joly, souvent cité en exemple d’une réussite de la médecine prédictive, reste un cas propre aux cancers du sein et de l’ovaire, alors que de nombreux organes à risque de cancer ne peuvent être ôtés « préventivement ». Sans citer la loi française qui – de nos jours – n’autorise pas une chirurgie préventive d’un risque génétique.
La médecine prédictive dépasse le cadre scientifique pour impacter le cadre moral, déontologique, éthique, ce qui fera force et encore longtemps débat.
Médecine participative
Elle complète l’idée d’une responsabilité dans son parcours de santé. Le big data ou encore les massives données liées au monde numérique vont mettre le patient au cœur de sa santé ou de sa pathologie, par son implication dans le suivi du traitement, dans la pertinence de celui-ci.
Les données de santé à venir donneront-elles lieu à des diagnostics très précis que le médecin n’aurait peut-être pressenti ? Les perspectives d’identification de maladies et de soins plus appropriés dans le cadre d’algorithmes de décision clinique de plus en plus sophistiqués offrent des possibilités considérables reliées au niveau de connaissance mondiale. Déjà, la télémédecine pour les professionnels de santé ou le smartphone pour le grand public participent massivement à la diffusion de ces données médicales. Même si la connexion sans rattachement à un centre d’expertise (bien qu’utile pour une sensibilisation et/ou des conseils ciblés), n’est pas d’un impact populationnel important, l’expérience, par contre, depuis quelques années « connectée via une tablette » pour des insuffisants rénaux qui notent des critères prédéfinis (poids, oèdemes..) permet une adaptation du régime alimentaire ou des médicaments par des spécialistes et un recul de sept années pour l’arrivée de la dialyse du patient !
Médecine Pertinente
C’est-à dire sur les preuves d’un service médical rendu aux patients. La pertinence de la médecine liée à l’intelligence des données est validée par la volumétrie de celles-ci qui permet les incroyables progrès en matière de séquençage du génome, biomarqueurs, oncologie, neurologie … De là, pour certains, espérer un transhumanisme avec de nouvelles technologies au service de la Santé (e-santé) et afficher cette volonté d’incarner la volonté d’améliorer l’espèce humaine…
Cinq « P » pour approcher la médecine de demain qui se dessine déjà au quotidien. Cela pose des questions sur le plan éthique, économique et humain :
- Aujourd’hui la médecine répond–t-elle aux besoins des patients ?
- Le système français hospitalier exsangue ne compte plus ses nombreuses réformes. Et demain ?
- Les maladies chroniques modéliseront-elles un parcours de soins ?
- Serons-nous patients (sans l’être …) pour être auteur (et non plus acteur) de notre santé ? …
Autant de questions qui interpellent pour suivre l’ère du temps … celui de la technologie, où la santé connectée et la génomique se retrouvent au cœur d’une évolution abyssale.
Sources : cervopolis.com, telemedaction.org