Stimuler l’élimination, drainer … voilà des verbes qui peuvent vous effrayer mais quand on vieillit, les kilos s’installent et nous avons bien du mal à nous en séparer. Voici quelques conseils utiles que nous donne le Dr Jean-Louis Longuefosse, pharmacien.
Stimuler l’élimination
Les excès alimentaires au fil des semaines infiltrent les tissus et arrondissent les silhouettes.
C’est au niveau des émonctoires naturels, tels le foie, les reins, les intestins, les poumons ou la peau, que les toxines seront évacuées. Un drainage efficace nous préserve de l’accumulation des déchets.
Les tisanes jouent un rôle essentiel dans le drainage de l’organisme car elles stimulent les fonctions d’élimination et permettent de prévenir l’encrassement des organes à l’origine d’affections diverses. Un bon point pour notre médecine populaire qui prône les tisanes dites « rafraîchissantes ». Le fondement scientifique de cette pratique est désormais démontré car les plantes dépuratives et antioxydantes favorisent l’épuration des organes, stimulant le drainage rénal, hépatobiliaire, pancréatique et radicalaire.
Se mettre au « vert »
Les fruits et légumes verts contiennent plus de 80 % d’eau, capital inestimable, car cette eau transporte de précieuses vitamines, des minéraux, antioxydants et oligo-éléments. Ces nutriments protègent des oxydations cellulaires, relance les échanges et stimule la flore intestinale. Leur richesse en fibres diminue l’absorption des sucres et des graisses tandis que leur effet alcalinisant (antiacide) atténue la plupart des déchets qui acidifient l’organisme. Privilégiez les légumes verts, oranges ou jaunes, qui sont dotés de grandes propriétés nutritionnelles sans oublier les légumes secs riches en fibres. Les herbages sont particulièrement riches en micronutriments diurétiques, laxatifs et drainants.
Véritables concentrés de micronutriments, les fruits du soleil comme l’ananas, la cerise-pays, la goyave, la mangue, le melon, la papaye, la pastèque participent à la détoxification tissulaire. Au dessert, faites la part belle aux fruits créoles mais pas plus de 3 rations par jour pour les plus sucrés comme la mangue ou l’ananas.
Les soupes vertes, comme le calalou végétarien ou la soupe z’habitants sont des véritables coupe-faim naturels. Leur teneur en fibres solubles facilite le transit et augmente le bol alimentaire sans calories excessives. Pourpier, gombos, herbages et épinards dynamisent les corps fatigués. Leur apport de potassium accélère l’élimination rénale, à condition toutefois de ne pas trop les saler. Donc ni queues de cochons, ni dombrés en période de drainage !
Mais pour maigrir ou retrouver votre ligne après de sérieuses dérives, ne mangez pas que « du vert » ! Les protéines animales sont indispensables pour limiter la rétention d’eau et préserver la masse musculaire. En période de drainage, optez pour les plus maigres : poissons, viandes blanches ou volailles ; en blaff, court-bouillon, en grillade ou au four, bien sûr. Evitez les fritures et les plats en sauce pour soulager votre foie.
Notre cuisine est relevée. Une aubaine car la plupart des épices et aromates créoles sont d’excellents draineurs, plus particulièrement l’ail, l’oignon, le gingembre, le safran-pays (curcuma), le piment, la citronnelle, le chardon béni ou herbe à fer ainsi que le combava.
Utilisez largement les épices créoles afin d’éviter tout excès de sel ; vous augmentez le rapport potassium/sodium ce qui favorise la circulation des liquides dans l’organisme et l’élimination urinaire des déchets et toxines.
Place à la pharmacopée créole
Elle facilite naturellement l’action de chaque émonctoire.
Le drainage rénal renforce le rein dans sa capacité de détoxification, même en-dehors de toute affection urinaire. L’orthosiphon ou babin chat (moustache de chat) est par excellence la plante du drainage rénal. Augmentant le débit urinaire, elle accélère l’épuration des toxines comme d’autres plantes diurétiques tels le chiendent, la sonde, le maïs, le sureau, l’eau de coco, la marie-perrine, l’herbe puante, le gingembre-douleur…
Le drainage hépatobiliaire et pancréatique quant à lui, « nettoie » le sang, stimule l’immunité et soulage de nombreux symptômes au niveau digestif, hépatobiliaire et cutané.
Il se prescrit en cures de trois semaines par mois sur une durée de trois mois. Les plantes créoles essentielles sont le graine-en-bas-feuille, le congo lala ou herbe à l’encre, le gingembre et le safran-pays ou curcuma. Le cassia alata, le tamarin ainsi que l’aloès ont en plus des vertus laxatives.
Enfin le drainage radicalaire, par nos plantes antioxydantes, véritables réserves de vitamines, polyphénols, bioflavonoïdes et tanins, pondère les effets des radicaux libres. Il est conseillé en cures plus courtes, de quelques jours par mois. Tous les excès alimentaires sont une bonne indication mais aussi le surmenage ou le stress, les épisodes infectieux ou inflammatoires. Pas moins de soixante plantes médicinales, riches en polyphénols, sont répertoriées dans le Guide de Phytothérapie Créole comme par exemple le pourpier, l’à-tous-maux, le safran-pays, la groseille-pays ou le chardon béni.
Pour les excès durables, l’infusion drainante
Les tisanes désengorgent les organes saturés et préviennent leur encrassement. Pour vous détoxifier, rien de tel qu’une cure drainante associant plusieurs plantes créoles : orthosiphon pour les reins, cassia alata pour le drainage digestif, plantain pour la peau, sureau pour le drainage rénal et cutané et graine-en-bas-feuille pour le foie.
Ingrédients
- feuilles d’orthosiphon, de cassia alata, de plantain et de sureau
- graine-en-bas-feuille (parties aériennes)
Faites une infusion (10 mn) avec une pincée de chaque plante pour un litre d’eau bouillante.
Filtrez et buvez 3 à 4 tasses par jour pendant 3 semaines.