De plus en plus de jeunes actifs retournent chez leurs parents car ils n’ont plus les moyens d’assumer un loyer. Rendus célèbres par le film « Tanguy » d’Etienne Chatiliez en 2001, les « tanguys » sont de jeunes adultes qui tardent à quitter le domicile familial ou y reviennent après l’avoir précédemment quitté.
Le film retraçait l’histoire d’un riche couple de cinquantenaires qui cherchait à forcer leur fils diplômé et charmant de surcroît à quitter leur luxueux appartement. Le succès commercial du film a donné naissance à une nouvelle expression pour désigner ce phénomène, la génération Tanguy.
Depuis la crise de 2008, les jeunes quittent le domicile familial plus tardivement ou doivent y revenir contraints et forcés. L’envolée du chômage des jeunes, l’augmentation du coût des études, l’envolée des prix de l’immobilier, les divorces et séparation sont les principales causes de ce retour au bercail.
Le phénomène Tanguy est de plus en plus fréquent en France
Aujourd’hui, on parle davantage de Tarzans dont la « liane » ramènerait les jeunes à revenir chez leurs parents pour des raisons financières après un coup dur comme un divorce, une séparation ou un licenciement. C’est un phénomène social en pleine expansion puisque ce retour des 25 à 34 ans est passé de 8% en 2006 à près de 12 % en 2011.
Dans les pays anglo-saxons, le boomerang kid désignerait davantage les adultes contraints de retourner chez papa et maman. Comme le boomerang, le jeune revient au domicile familial. Le nom boomerang kids a été rendu populaire par la sociologue canadienne Barbara Ann Mitchell.
La fondation Abbé Pierre a publié fin 2015 l’étude « la face cachée des Tanguy » qui porte sur la situation des jeunes majeurs hébergés chez leurs parents. Elle a été réalisée à partir de l’enquête nationale logement 2013 de l’INSEE. 4,5 millions des jeunes vivent encore chez leurs parents ou grands-parents en 2013. Ils sont en majorité très jeunes puisque 71 % ont entre 18 et 24 ans et 98 % sont célibataires. A 25 ans et plus, ils sont encore 1,3 million à vivre chez leurs parents (871 000 entre 25 et 34 ans et 479 000 à 35 ans et plus). Selon la fondation, ce phénomène serait dû à la crise du logement devenu inaccessible. Même quand ils disposent d’un emploi (1,5 million est concerné dont la moitié en CDI à temps complet), leurs revenus ne leur permettent pas d’accéder à la location.
Pour certains jeunes, il s’agit d’un retour en arrière puisque 925 000 personnes disposaient déjà d’un logement indépendant et ont dû retourner chez leurs parents. 61 % des 25-34 ans reviennent chez leurs parents par « contrainte ». Les raisons sont diverses : rupture familiale, chômage, problèmes financiers, de santé ou logement inadéquat (trop petit, mal situé …).
La cohabitation peut souvent s’avérer difficile. Ce retour, majoritairement subi, dans sa « chambre d’ado » avec les nounours de son enfance est souvent vécu comme un échec. Près de 3,3 millions des majeurs hébergés n’auraient les ressources nécessaires leur permettant d’accéder à un logement alors que plus d’1 million souhaitent le faire s’ils en avaient les moyens. Difficile parfois d’avoir une vie sociale chez papa et maman et d’inviter des amis à la maison ! Il faut noter que cette situation se banalise et que la solidarité familiale se remet en place.
De leur côté, les parents ont tendance à culpabiliser et en avoir honte. Au-delà de l’aspect psychologique, les conséquences sont aussi financières pour eux puisqu’ils doivent contribuer à nourrir une personne supplémentaire. Pour les personnes les plus âgées, les enfants de retour à domicile peuvent leur prodiguer des soins.
Les Tanguy dans le monde
Ce phénomène, plutôt masculin que féminin, n’est pas seulement français mais planétaire à l’exception de quelques pays. Il concerne 35 % des hommes européens de 25 à 34 ans. En Europe du sud, la famille sert d’amortisseur social.
En Italie, on les appelle les bamboccioni (gros poupons). Ce terme désigne les jeunes de plus de 30 ans vivant chez leurs parents. Ils représentent 65 % des 18-34 ans.
Au Royaume-Uni, on observe une baisse des jeunes gens vivant seuls.
Notons que le phénomène est plus rare dans les pays scandinaves puisqu’ils sont 20 % à vivre encore chez leurs parents en Suède et en Finlande.
Au Japon, le nom utilisé est moins sympathique puisque l’on parle de Parasaito shinguru (célibataires parasites). Il définit les adultes célibataires restant chez leurs parents pour profiter du confort et de l’hospitalité de ceux-ci. Les nouveaux hommes tanguys japonais font même le bonheur de marques françaises de luxe et des compagnies aériennes. En effet, ils disposent d’un certain pouvoir d’achat puisque leurs revenus leur servent d’argent de poche.
Au Canada, selon Statistiques Canada (l’équivalent de l’INSEE en France), 4,3 millions de jeunes de 20 à 29 ans vivaient chez leurs parents en 2011 soit 42 % contre 27 % en 1981. Selon un sondage, deux parents sur trois doivent se serrer la ceinture quand ils décident d’aider leurs enfants qui n’étudient plus. Une série à la télévision Boomerang exploite avec succès une variante du «phénomène Tanguy» en mettant en scène un couple de trentenaires qui revient vivre chez les parents de la jeune femme après des déboires professionnels.
Les américains ne sont pas en reste avec 21,6 % des 25-34 ans des jeunes vivant avec leurs parents contre 11 % en 1980.
Avez-vous des Tanguy ou des Tarzan dans votre entourage ?
Source : Fondation de l’abbé Pierre, la face cachée des tanguy et le Monde
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