Qui n’a pas entendu dire que la mutuelle n’était pas nécessaire dès lors que le patient était en « Affection de Longue Durée » (ALD). Quelque 10 millions de personnes souffrent d’une telle affection (cancers, diabète et 27 autres pathologies). Apportons un peu de clarté sur ce sujet.
Dans le cas d’une ALD, l’assurance maladie obligatoire prend en charge la totalité des frais médicaux mais sur la base de son tarif de responsabilité qui peut être inférieur aux frais réels. Il y a donc exonération du ticket modérateur mais uniquement pour les soins relatifs à l’ALD dont souffre la personne.Toutefois cela ne signifie pas que la santé soit pour elle gratuite. Trois organisations (1) ont étudié cette question et leurs travaux démontrent que le reste à charge est loin d’être négligeable.
En effet :
- Certains frais, comme les franchises sur les boîtes de médicaments (50 centimes), les consultations (1 euro), le forfait hospitalier (18 euros) et les dépassements d’honoraires sont à la charge du patient et éventuellement de sa complémentaire santé.
- Le patient en ALD voit plus souvent son spécialiste, se fait opérer (et la chirurgie entraine en général des dépassements d’honoraires), fait des séjours plus ou moins long à l’hôpital, prend de nombreux médicaments pendant de longues périodes.
Certaines dépenses ne sont pas ou mal prises en charge alors qu’elles résultent d’une pathologie en ALD, par exemple des crèmes solaires « écran total » pour les cancers de la peau.
Pour prendre en charge les dépenses non couvertes par la Sécurité Sociale, l’adhésion à une complémentaire santé est nécessaire, quoique malheureusement pas suffisante. Les travaux de ces trois organisations montrent que le reste à charge est fortement réduit par l’intervention des assurances complémentaires, mais n’est pas supprimé. A défaut, certains patients atteints de pathologies ouvrant droit à l’ALD ne peuvent accéder à certains actes.
En conclusion, l’ALD est une bonne mesure pour des pathologies graves et chroniques mais elle ne dispense pas d’adhérer à une mutuelle. En plus, on peut être soigné pour un cancer et se casser la jambe mais ce dernier accident n’est pas dans l’ALD. Merci la mutuelle !
(1) Le Collectif Interassociatif sur la Santé (CISS) – 60 millions de consommateurs – Santéclair
Sylvain Denis
Article paru dans le Courrier des retraités n° 43 de janvier à mars 2017
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